Temps de lecture : 5 min
Série : Economie en question (N°26)
Le prix plancher et le marché
du travail des « aides ménagères » au Mali
La précédente
« Série : Economie en question
(N°25) » m’a permis de
présenter le prix plafond. Dans la présente Série, je mets l’accent sur le prix
plancher.
Contrairement au prix plafond qui s’adresse
aux vendeurs (en les obligeant à vendre à un prix inférieur au prix d’équilibre
du marché) ; le prix plancher s’adresse aux acheteurs. Eh bien ! vous
avez bien lu, le prix plancher vise les « acheteurs » !
Effectivement, le prix plancher est le prix minimal qu’un acheteur est obligé
de payer pour acheter un produit (bien ou service).
Ce prix aura un effet sur le fonctionnement
du marché uniquement quand il est fixé par les autorités à un niveau supérieur au
prix assurant l’équilibre du marché. Le prix planche vise à faire le « bonheur »
des vendeurs en fixant un prix de vente supérieur à celui atteint par l’équilibre
du marché.
Quels effets le prix plancher a-t-il sur un
marché ?
Ce prix aussi en biaisant le bon
fonctionnement des marchés concurrentiels produit des effets pervers. Ces effets
sont principalement la création d’un excès d’offre, une baisse de prix des produits
qui y sont soumis (existence de marché NOIR) ; et le gaspillage des
ressources de l’économie dont la plus importante est le temps.
Une application au Marché du travail
Sur le marché du travail par exemple, le prix
plancher porte le nom de « salaire minimum interprofessionnel garanti »
au Mali. Il est formellement interdit au Mali sauf cas exceptionnel de payer mensuellement
un travailleur en dessous de ce salaire ou prix plancher du travail qui est de
40.000 F CFA (231 F CFA par heure) au Mali en 2025.
Le marché des « aides ménagères »
au Mali par exemple coche globalement toutes les cases instituant une structure
de marché concurrentielle. Ceci étant le cas, le salaire d’équilibre sur ce
marché fluctue entre 10.000 F CFA à 15.000 F CFA à Bamako en fonction des
périodes de l’année.
Inutile de dire que ce prix d’équilibre est inférieur
au prix plancher fixé par les autorités maliennes, soit 40.000 F CFA. Que se
passerait-il si, les autorités maliennes décident de l’application effective du
salaire plancher de 40.000 F CFA ?
Comme l’économie positive le présente supra :
(1) une augmentation du chômage sur ce marché à la suite de deux effets
combinés. Les ménages se trouvant dans l’incapacité de payer le salaire
plancher vont remercier leurs « aides ménagères ». En plus, certaines
personnes qui n’étaient pas prêtes à travailler au prix d’équilibre du marché
vont vouloir maintenant intégrer le marché du travail des « aides
ménagères ». (2) l’exacerbation du chômage va logiquement pousser certaines
« aides ménagères » à accepter des salaires mensuels beaucoup plus
faibles que le salaire plancher. Et donc, les pousser à accepter le travail au
noir. (3) Cette intervention par le truchement du salaire plancher sur le marché
de travail des « aides ménagère » induira aussi du gaspillage de
ressources dans la mesure où les personnes qui cherchent du boulot vont passer plus
de temps à chercher du travail et aussi celles qui ne trouveront pas de travail
seront des ressources inutilisées. Alors que celles-ci pouvaient travailler si
les autorités n’avaient pas intervenu en fixant le salaire plancher de 40.000 F
CFA.
En définitive, l’interventionnisme extérieur sur
un marché concurrentiel en tentant de contrôler ses prix, quelle que soit la
raison ne peut que rapetisser la taille du « gâteau » économique. Par
contre, il peut devenir salutaire sur les structures de marché de concurrence
imparfaite (monopole, oligopole et concurrence monopolistique).
Madou CISSE
FSEG
2 commentaires:
Contrairement au salaire minimum de 40000fcfa qui inclut tout, le salaire des aides ménagères de l'ordre de 10000f à 20000f n'inclut ni le loyer, ni les différents repas. Dans la plupart des cas les aides ménagères sont logées et nourries gratuitement et bénéficient en plus d'autres services comme l'électricité, l'eau et même une prise sanitaire dans certain cas. Ces aspects doivent intégrer dans l'analyse pour une meilleure évaluation du salaire des aides ménagères. Merci beaucoup pour l'article.
Merci pour votre Contribution.
Je suis tout à fait d'accord avec votre approche.
Mais le fond de notre réflexion s'appuie sur la question philosophique suivante: Faut-il oui ou non réguler ce marché (en ayant en tête tous les faits sous-jacents auxquels vous faites allusion dans votre commentaire?)
Enregistrer un commentaire