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Série : Economie en question (N°25)
Le prix plafond !
La présente « Série :
Economie en question » met la focale sur les aspects théoriques de
la mise en œuvre du prix plafond.
Le prix plafond désigne le prix nominal maximal
auquel un vendeur est autorisé à vendre un bien ou un service spécifique. Ce prix
est imposé au vendeur par une autorité extérieure au fonctionnement du marché
(par exemple un Gouvernement).
A quelles conditions le prix plafond peut
avoir des effets positifs sur le fonctionnement d’un marché ?
(1)
Ce prix n’aura aucun impact s’il est fixé à un
niveau supérieur au prix courant du marché (c’est-à-dire le prix auquel le bien
ou le service est déjà vendu avant l’intervention de l’autorité). Donc, pour qu’il
ait des effets probants, le prix plafond doit être fixé en dessous du prix
courant du marché. Par exemple, si le kilo du sucre est vendu à 700 F CFA, seul
un niveau de prix plafond inférieur à ce montant peut avoir des effets probants
sur le fonctionnement du marché du sucre.
(2)
Le prix
plafond a des effets s’il est imposé sur un marché dont le fonctionnement n’est
pas concurrentiel (existence de défaillance de marché ; les défaillances de
marché sont traitées ici : https://cequejepensemali.blogspot.com/2024/08/serie-economie-en-question-n6-les.html
). Autrement dit, le prix plafond devient utile quand l’écart entre le prix
courant du marché et le prix qui aurait pu être fixé en situation de
concurrence est important. Et le prix plafond contribuera à réduire cet écart.
Que se passerait-il malgré que le marché
soit concurrentiel, une autorité fixe un prix plafond sur ce marché ?
Si le marché est concurrentiel, cela suppose
qu’il n’y a pas d’écart entre le prix courant du marché et le coût unitaire de
production du bien ou du service vendu sur ce marché. Si malgré tout, une
autorité fixe un prix plafond ; cela veut dire qu’elle oblige les vendeurs
à vendre en dessous de leurs coûts unitaires de production (c’est-à-dire à
faire des pertes). Ce qui ne peut être soutenable de leur part. Ils vont
majoritairement arrêter la vente du bien ou du service soumis au prix plafond. Conséquence
logique de ce retrait massif des vendeurs, c’est la baisse de la quantité à
vendre sur le marché. Cela poussera le prix courant à la hausse (à un niveau
supérieur à celui qui prévalait avant l’intervention de l’autorité sur le
marché). Comme il y a interdiction de vendre au-dessus du prix plafond ;
les ventes vont maintenant se faire au « NOIR » (le marché
souterrain). Conséquence médiate de ce phénomène, c’est la mauvaise allocation
du bien ou du service qui voit le jour parmi les consommateurs (ceux qui sont
informés et qui sont riches peuvent avoir plus de ce dont ils ont besoin ;
tandis que les moins informés et les pauvres vont galérer).
En définitive, l’intervention d’une autorité
sur un marché concurrentiel (par exemple, le marché de détail du sucre ; le
marché de détail de l’huile ; le marché de détail du lait) conduirait à une
diminution de la quantité à vendre et à un niveau de prix plus important. Pour
dire tout net, elle conduit à moins de bien-être économique. Par contre, si le
marché est défaillant, son intervention ne peut être que salutaire. Comme cela
est le cas sur les marchés monopolistique (par exemple, le marché de l’électricité),
oligopolistique (par exemple, le marché du transport interurbain) et concurrentiel monopolistique (par exemple, le marché du carburant).
Madou CISSE
FSEG
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