Temps de lecture : 4 min
Série : Economie en question (N°27)
La discrimination tarifaire
Une analyse de la billetterie du Parc
National du Mali (disponible sur leur site Internet) montre qu’il existe un [t]arif
unique d'entrée Parc et Zoo (sic) fixé à 1.000 F CFA et un tarif scolaire (de
la maternelle en terminale) faisant 500 F CFA.
De cette tarification, je note que pour le
même service, les « élèves » et les « autres » ne paient
pas le même montant. Les premiers payant pour le même service la moitié de ce
que paient les « autres ». Est-ce à dire que cet écart de prix peut
être expliqué par des écarts de coûts (transport, distribution, publicitaire
etc.) que supporte le Parc National du Mali pour être en capacité de fournir ses
services aux deux groupes ainsi stratifiés ? La réponse est non ! Cet
écart de prix ne peut pas être expliqué par les écarts de coûts. En conséquence,
je peux soutenir que le Parc National du Mali vend le même service à différents
prix (ici 500 F CFA et 1000 F CFA) et à différents consommateurs (ici les « élèves »
et les « autres »). Ce mode de tarification porte le nom de
discrimination tarifaire ou discrimination par les prix.
Ce mode de discrimination fut théorisé de
manière complète par Artur Cecil Pigou en 1920. Pour lui, la mise en œuvre de
la discrimination tarifaire ne devient possible que si les conditions suivantes
sont simultanément remplies chez une entreprise à savoir (1) disposer d’un pouvoir
de marché (2) être capable d’empêcher la revente de son bien ou service.
La discrimination tarifaire peut être implémentée
sous trois (03) principales formes. Deux sont qualifiées de « discrimination
parfaite », et une porte le nom de discrimination imparfaite.
La première forme de discrimination « parfaite »
ou discrimination de 1er degré. Dans ce cas, le vendeur étant capable de discerner le montant maximal
qu’un acheteur potentiel est prêt à débourser pour acheter son bien ou service,
fixe le prix de vente en fonction de ce montant (ou disponibilité à payer).
Mais à condition que cette disponibilité à payer ne soit pas plus faible que le
coût de production de la quantité vendue au consommateur.
La deuxième forme de discrimination « parfaite »
ou discrimination du 3ème degré. Pour cette forme de discrimination, le vendeur segmente son marché en
fonction des caractéristiques ou statuts spécifiques des acheteurs. Partant de
cette segmentation, il applique sa politique tarifaire discriminatoire de manière
parfaite (comme le réussit avec brio le Parc National du Mali).
La discrimination « imparfaite » ou
discrimination du 2ème degré. Le vendeur étant dans l’incapacité de discerner la disponibilité à
payer de ses clients peut mettre en place un menu de prix. Avec, ce menu, les montants
moyens payés par les acheteurs décroissent en fonction des quantités payées. Cette
forme de discrimination permet à chaque client de révéler son propre « type »
que le vendeur ne savait pas au préalable. D’où l’usage de l’expression
discrimination imparfaite.
Madou CISSE
FSEG
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire