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Série : Economie en question (N°26)

Le prix plancher et le marché du travail des « aides ménagères » au Mali

La précédente « Série : Economie en question (N°25) » m’a permis de présenter le prix plafond. Dans la présente Série, je mets l’accent sur le prix plancher.

Contrairement au prix plafond qui s’adresse aux vendeurs (en les obligeant à vendre à un prix inférieur au prix d’équilibre du marché) ; le prix plancher s’adresse aux acheteurs. Eh bien ! vous avez bien lu, le prix plancher vise les « acheteurs » ! Effectivement, le prix plancher est le prix minimal qu’un acheteur est obligé de payer pour acheter un produit (bien ou service).

Ce prix aura un effet sur le fonctionnement du marché uniquement quand il est fixé par les autorités à un niveau supérieur au prix assurant l’équilibre du marché. Le prix planche vise à faire le « bonheur » des vendeurs en fixant un prix de vente supérieur à celui atteint par l’équilibre du marché.

Quels effets le prix plancher a-t-il sur un marché ?

Ce prix aussi en biaisant le bon fonctionnement des marchés concurrentiels produit des effets pervers. Ces effets sont principalement la création d’un excès d’offre, une baisse de prix des produits qui y sont soumis (existence de marché NOIR) ; et le gaspillage des ressources de l’économie dont la plus importante est le temps.

Une application au Marché du travail

Sur le marché du travail par exemple, le prix plancher porte le nom de « salaire minimum interprofessionnel garanti » au Mali. Il est formellement interdit au Mali sauf cas exceptionnel de payer mensuellement un travailleur en dessous de ce salaire ou prix plancher du travail qui est de 40.000 F CFA (231 F CFA par heure) au Mali en 2025.

Le marché des « aides ménagères » au Mali par exemple coche globalement toutes les cases instituant une structure de marché concurrentielle. Ceci étant le cas, le salaire d’équilibre sur ce marché fluctue entre 10.000 F CFA à 15.000 F CFA à Bamako en fonction des périodes de l’année.

Inutile de dire que ce prix d’équilibre est inférieur au prix plancher fixé par les autorités maliennes, soit 40.000 F CFA. Que se passerait-il si, les autorités maliennes décident de l’application effective du salaire plancher de 40.000 F CFA ?

Comme l’économie positive le présente supra : (1) une augmentation du chômage sur ce marché à la suite de deux effets combinés. Les ménages se trouvant dans l’incapacité de payer le salaire plancher vont remercier leurs « aides ménagères ». En plus, certaines personnes qui n’étaient pas prêtes à travailler au prix d’équilibre du marché vont vouloir maintenant intégrer le marché du travail des « aides ménagères ». (2) l’exacerbation du chômage va logiquement pousser certaines « aides ménagères » à accepter des salaires mensuels beaucoup plus faibles que le salaire plancher. Et donc, les pousser à accepter le travail au noir. (3) Cette intervention par le truchement du salaire plancher sur le marché de travail des « aides ménagère » induira aussi du gaspillage de ressources dans la mesure où les personnes qui cherchent du boulot vont passer plus de temps à chercher du travail et aussi celles qui ne trouveront pas de travail seront des ressources inutilisées. Alors que celles-ci pouvaient travailler si les autorités n’avaient pas intervenu en fixant le salaire plancher de 40.000 F CFA.

En définitive, l’interventionnisme extérieur sur un marché concurrentiel en tentant de contrôler ses prix, quelle que soit la raison ne peut que rapetisser la taille du « gâteau » économique. Par contre, il peut devenir salutaire sur les structures de marché de concurrence imparfaite (monopole, oligopole et concurrence monopolistique).

Madou CISSE

FSEG

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Contrairement au salaire minimum de 40000fcfa qui inclut tout, le salaire des aides ménagères de l'ordre de 10000f à 20000f n'inclut ni le loyer, ni les différents repas. Dans la plupart des cas les aides ménagères sont logées et nourries gratuitement et bénéficient en plus d'autres services comme l'électricité, l'eau et même une prise sanitaire dans certain cas. Ces aspects doivent intégrer dans l'analyse pour une meilleure évaluation du salaire des aides ménagères. Merci beaucoup pour l'article.

Madou Cissé a dit…

Merci pour votre Contribution.

Je suis tout à fait d'accord avec votre approche.

Mais le fond de notre réflexion s'appuie sur la question philosophique suivante: Faut-il oui ou non réguler ce marché (en ayant en tête tous les faits sous-jacents auxquels vous faites allusion dans votre commentaire?)

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