Série : Economie en question (N°6)

Les principales causes de défaillance des marchés réels

Les autorités doivent-elles intervenir sur les marchés réels ? La réponse à cette question a toujours divisé les économistes. Pour J. E. Stiglitz le marché n’a pas de profil intrinsèque. Pendant que P. Krugman soutient que le marché est un bon organisateur des activités économiques. Dans ce cas, que faut-il alors retenir ?

L’économie mainstream quant à elle répond à la question soulevée supra par un grand non et un petit oui. L’orthodoxie économique soutient que l’immixtion des autorités dans le fonctionnement des marchés ne peut être justifiée que quand il y a défaillance de marché. Un marché est dit défaillant quand son fonctionnement ne permet pas d’atteindre le même niveau d’allocation des ressources qu’assurerait une structure de marché concurrentielle. Ce qui veut dire que le marché qui est défaillant fonctionne de manière inefficace – une moindre quantité produite à un coût supérieur au minimum du coût unitaire de production – par conséquent il crée toujours des manques à gagner par rapport au fonctionnement concurrentiel du marché.

Les principales causes de défaillance de marché ont été pleinement documentées dans la littérature économique. Elles sont au nombre de quatre (04). Ce sont elles qui contribuent à écarter significativement la structure de certains marchés spécifiques de l’organisation concurrentielle des marchés. Il s’agit de :

(1)   Les économies d’échelle. Quand le processus de production sur un marché donné obéit à la décroissance du coût unitaire de production. Il est préférable dans un tel cas de confier l’exploitation de ce marché à une seule entreprise qui portera le nom de monopole naturel. Comme une telle structure de marché s’écarte logiquement de la concurrence, il ne serait pas inopportun pour les autorités d’intervenir sur un tel marché dans le but d’améliorer l’efficacité d’un tel marché. Ce faisant, elles peuvent réduire la taille du manque à gagner qu’un tel marché génère par rapport à une structure concurrence parfaite.

(2)   Les externalités. Quand le comportement positif ou négatif d’un agent économique impacte d’autres agents pour lequel il n’y a pas de compensation. L’absence d’un mécanisme de compensation conduit toujours à créer un écart entre les coûts privés (supportés pour la production) et les coûts sociaux (supportés par la communauté). Dans une telle situation l’intervention dans le fonctionnement du marché est défendue par l’économie mainstream.

(3)   Les asymétries d’information. Quand il y a détention d’information privée par un ou des agents. Dans cette situation aussi, le marché s’écarte du fonctionnement concurrentiel. Et l’intervention extérieure devient salutaire pour la bonne marche du marché vers l’atteinte d’une certaine efficacité économique.

(4)   Les biens ou services publics/communs/de club. Quand la ressource concernée par l’analyse n’est pas privée (c’est-à-dire rivale et excluable) alors le fonctionnement du marché qui lui est associé ne peut plus être efficace. Dans ce cas aussi, l’intervention extérieure est permise.

En l’absence de ces causes de défaillance, l’intervention extérieure sur un marché réel n’est plus opportune. En intervenant malgré tout, non seulement l’objectif d’efficacité économique ne sera pas atteint, en plus l’intervention extérieure ne fera qu’empirer la situation. Le tableau dramatique que l’intervention extérieure dessinera se résumera à des hausses de prix consécutives à une baisse de la quantité offerte ; à un gaspillage des ressources de l’économie dont la principale est le temps et enfin, l’intervention conduira au développement de marché noir ce qui aboutira inéluctablement à une baisse des recettes de l’Etat interventionniste.

Ceci étant posé, pensez-vous que les autorités maliennes doivent-elles toujours intervenir sur les marchés de détails du sucre en poudre, du lait en poudre et de l’huile en fixant des prix plafonds ?

Madou CISSE

FSEG

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Les marchés cités ci-dessus arrivent à accomplir à peu près tous les critères d'un marché concurrentiel. ce qui approuve la non nécessité de l'intervention de l'Etat sur ces marchés. Toutes les conséquences ici mentionnées se sentaient réellement sur le marché du sucre au mali surtout au mois de ramadan.Le gouvernement avait fixé le prix plafond des sucres (étranger et local) respectivement de 700f et 650f si je mémorisé bien les données. Les boutiquiers qui ne se voyaient plus compétitifs sur le marché ont abandonné le marché ce qui justifie un manque à gagner dans l'économie.Un jour,moi personnellement j'ai dû faire faire une heure pour m'approvisionner en sucre en parcourant des kilomètres donc le gaspillage des ressources était vérifié. Après tous ces calvaires il faut s'attendre avec les quelques individus qui se cachaient de vendre le sucre en flagrant violation de toutes les mesures mises en vigueur par les autorités.

Madou Cissé a dit…

Exactement, comme l'orthodoxie l'avait prédit.

Merci pour ce commentaire.
Bien à Vous.

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