Série : Economie en question (N°1)

Vous parlez d’équilibre ou d’optimum ?

Le concept « équilibre » est incontournable en analyse économique. La recherche de l’équilibre est une quasi obsession chez les économistes. Les différents programmes objectifs des consommateurs (ménages), des producteurs (entreprises) et de l’Etat (les administrations publiques) sont utilisés par les économistes (surtout ceux du courant dominant) dans le but ultime de déterminer l’équilibre. Le Dictionnaire Le Robert définit l’équilibre comme suit : « Juste proportion entre des choses opposées ; état de stabilité ou d'harmonie qui en résulte. ». Le champ économique étant caractérisé par la rencontre d’intérêts souvent opposés ne peut être embarrassé par l’analyse des moyens pouvant conduire à la création d’une symbiose entre ces forces ou intérêts.

L’équilibre peut être microéconomique quand il est établi au niveau du consommateur ou du producteur ou sur un marché spécifique d’un bien ou d’un service. Il peut être aussi macroéconomique quand il est établi à l’échelle de toute l’économie impliquant l’utilisation des facteurs de production disponibles.

Dans le cas spécifique des marchés, l’équilibre peut être considéré comme partiel quand il s’établit sur un marché spécifique (par exemple sur le marché de la banane de Bamako ou sur le marché du capital au Mali). Par contre, il porte le dénominatif de l’équilibre général quand il est réalisé de manière simultané sur tous les marchés de l’économie à savoir sur le marché des biens et services, le marché des facteurs de productions (travail, capital et terre) et le marché de la monnaie.

Au plan macroéconomique, l’équilibre peut être qualifié de sous-emploi quand le niveau de production des biens et services atteint dans l’économie est inférieur à celui que l’économie atteindrait quand tous ses facteurs de production (travail, capital et terre) seraient normalement utilisés. Ce genre d’équilibre se caractériserait par l’existence de stocks anormaux de facteurs de production dont le plus visible est l’existence de travailleurs non employés appelés chômeurs. Un équilibre de plein emploi suppose que le niveau de production de biens et services réalisé dans l’économie est compatible avec une utilisation normale de tous les facteurs de production disponibles. Cet équilibre, comme son nom l’indique rime avec la pleine utilisation de tous les facteurs de production disponibles dans l’économie. Il serait caractérisé par l’existence de stocks de facteurs marginaux pour ne pas dire nuls.

Enfin l’équilibre peut être qualifié de court terme toujours d’un point de vue macroéconomique (ou keynésien). Cela suppose que les Prix (les prix des biens et services, les taux d’intérêt nominaux et les salaires nominaux) ne parviennent pas pour un moment (deux mois à six mois ? un peu plus ?) à jouer pleinement leurs rôles de variables d’ajustement des déséquilibres présents dans l’économie. L’équilibre de long terme (ou classique) suppose que les Prix ne sont plus visqueux. Ce qui supposerait qu’ils sont capables de résorber de manière quasi instantanée les principaux déséquilibres constatés dans le fonctionnement de l’économie.

Est-ce que tout équilibre est un optimum ? non ! L’optimum est en réalité un cas particulier d’équilibre. Le point de référence de ce concept est lié à l’équilibre de Pareto appelé à dessein optimum de Pareto (de Vilfredo Pareto (1848-1923)). A cet optimum, il est admis qu’il n’est pas possible d’améliorer la situation d’un agent économique sans détériorer celle d’au moins un autre agent. Cet optimum suppose l’efficacité économique (exclusion de toute éventualité de gaspillage). Ceci étant, tout consommateur ou tout producteur qui atteint son optimum ne peut plus améliorer sa propre situation sans changement dans la disponibilité de ses ressources. Idem pour l’Etat dans la fourniture de ses services. Une fois qu’il atteint l’optimum, il lui est impossible d’améliorer la situation d’un groupe de citoyens sans détériorer celle d’un autre groupe de citoyens.

En définitive, comprendre que tout optimum est un équilibre et que tout équilibre n’est pas forcément optimal permet à l’analyste des faits économiques d’éviter des erreurs d’interprétation de situation factuelle. Le corolaire à cette proposition permet d’inférer par exemple que l’équilibre de sous-emploi keynésien est un équilibre mais n’est pas un optimum.

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