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Série : Economie en question (N°22)

Comprendre comment l’élasticité prix de la demande élucide l’impact des nouvelles taxes

L’instauration des taxes de 10% et de 1% sur les services de télécommunication et de FinTech au Mali a été répercutée logiquement et intégralement sur les prix nominaux des services concernés par les opérateurs. Face à un tel constat, une interrogation demeure. Dans quelle mesure les demandes des services ainsi imposés réagiront-elle aux différentes hausses de prix imposées ?

Pour répondre à cette interrogation, les économistes utilisent un outil d’analyse très puissant et incontournable dans le cas d’espèce, qui se nomme « élasticité prix de la demande ».

Cet outil mesure la sensibilité de la quantité demandée mesurée en pourcentage consécutive à une variation (augmentation ou diminution) de 1% du prix du bien ou du service en question toutes choses étant égales par ailleurs.

L’élasticité prix de la demande devient positive (dans des cas on ne peut plus rares) pour les biens ou services « atypiques » ; c’est-à-dire des biens ou des services pour lesquels la loi de la demande n’est pas respectée.

L’élasticité prix de la demande devient négative (dans les cas les plus fréquents) pour les biens ou services « typiques » ; c’est-à-dire des biens ou des services pour lesquels la loi de la demande est respectée (prix et quantité demandée évoluant en sens opposé).

En réalité, la sensibilité de la quantité demandée consécutive à la variation en pourcentage du prix d’un bien ou d’un service dépend de plusieurs éléments dont les principaux sont :

-          le niveau de rareté ou d’abondance du bien ou du service concerné par la variation de prix ;

-          l’importance ou pas du bien ou du service dans le maintien de la vie des consommateurs (bien ou service indispensable) ;

-          l’existence de biens ou de services substituables au bien ou service ayant subi la hausse de prix (niveau de concurrence présent sur le marché en question).

Si par exemple, un bien ou un service dont le prix a enregistré une variation est un bien ou service indispensable pour les consommateurs, l’élasticité prix de la demande prendra dans ce cas une valeur absolue comprise entre zéro et un. Pour ce type de bien ou service, les économistes disent que la demande est inélastique au prix ou elle répond peu à la variation du prix du bien du service.

Si par contre, le bien ou le service n’est pas indispensable pour les consommateurs par exemple, la valeur absolue de l’élasticité prix de la demande sera dans ce cas plus grande que l’unité. La demande dans un tel contexte est considérée par les économistes comme élastique au prix. En d’autres termes, les économistes soutiendront que la demande répond de manière substantielle à la variation du prix.

Si la valeur absolue de l’élasticité prix de la demande est unitaire (égale à un), alors la demande est dite neutre par rapport à la variation du prix.

Dans les deux cas polaires, soit la quantité demandée ne répond pas du tout à la variation du prix (élasticité prix de la demande nulle) soit elle y répond de manière infinie ; suivant le cas, les économistes diront que la quantité demandée répond de manière parfaitement inélastique au prix soit de parfaitement élastique au prix.

Une application de cet outil aux services des recharges voix et forfait Internet dans le cas du Mali – sous hypothèse que ces services soient considérés comme indispensables pour les consommateurs – permet d’inférer que l’augmentation de 10% qu’ont enregistrée leurs prix, entrainera une baisse de la quantité demandée de ces services de moins de 10% toutes choses étant égales par ailleurs. Dans un tel scénario, les économistes admettent que les demandes de ces deux services sont inélastiques à la variation de leurs prix. Quid de l’élasticité prix de la demande des boissons alcoolisées dans la mesure où celles-ci ont été soumises aussi à des taxes pouvant atteindre jusqu’à 15% pour certaines d’entre elles ?

Madou CISSE

FSEG

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il serait très intéressant de tenir compte à cette analyse. Et nous pouvons évidemment souligner que ce marché en question est déséquilibré à travers une intervention soudaine qui n'est pas prise en compte par le marché d'où provienne cet incident inélastique. Merci beaucoup mon docteur de référence !

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