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Révision
de la charte des partis politiques : les formations politiques sur une
ligne de crête ?
La révision de la loi n°05-047 / du
18 août 2005 portant charte des partis politiques occupe actuellement sans
surprise toute l’attention des partis politiques maliens qui fourbissent leurs
arguments dans le but de préserver l’essentiel de leurs intérêts ; ce qui est
tout à fait rationnel de leur part. Leur comportement est d’autant plus
justifié que la révision pourrait toucher au nombre des partis politiques et au
mode de financement public des activités des partis politiques.
Faut-il
limiter le nombre de partis politiques au Mali ?
Pour répondre efficacement à la
question libellée ci-dessus, il serait judicieux de répondre clairement à
celle-ci : pourquoi faut-il limiter le nombre des partis politiques au
Mali ? Si la réponse à la première question peut être oui ou non ;
celle qu’exige la seconde semble être moins simple.
Le principal objectif des formations
politiques est la conquête du pouvoir (municipal, législatif (Assemblée et
Sénat), Présidentiel et Exécutif), en tout cas dans les nations et territoires
démocratiques. L’atteinte de cet objectif par les formations politiques passe
préalablement par la fixation de leurs ancrages idéologiques politiques
respectifs qui sous-tendent leurs programmes de société.
Les idéologies politiques forment un
continuum partant de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par les
idéologies centristes. Les deux principaux fondements contribuant à assoir les
principales limites de chacune des formes d’idéologies politiques sont le degré
de liberté économique et le degré de liberté individuelle acceptés par chaque formation
politique. Si, les partis politiques d’extrême gauche prônent plus de liberté
individuelle et moins de liberté économique ; ceux positionnés à l’extrême
droite de l’échiquier politique sont moins enclins à la liberté individuelle
tout en acceptant plus de liberté économique.
A cet effet, vouloir, un instant limiter
le nombre des partis politiques dans un pays revient à s’attaquer frontalement à
la liberté de pensée des citoyens. Car chaque formation politique est
l’incarnation d’une idéologie politique singulière. Même s’il n’est pas rare de
voir dans un pays plusieurs partis politiques partageant le même substratum
idéologique tels que les partis socialistes, les partis républicains, les
partis centristes, etc. C’est partant d’une telle considération que les
« pères » du mouvement démocratique malien ont judicieusement opté
pour le multipartisme intégral.
Partis
politiques et pognon de l’Etat
Au premier article du chapitre V de
la charte des partis politiques du Mali datée du 18 août 2005, il est écrit
ceci : « Les partis politiques bénéficient d'une aide financière de l'Etat
inscrite au budget de l'Etat à raison de 0,25 % des recettes fiscales. ».
Sur la base de cet article (le 29ème de ladite charte), sous
certaines conditions spécifiées dans le deuxième alinéa dudit article, l’Etat
malien contribue financièrement au fonctionnement des formations politiques.
Question : la nouvelle charte
doit-elle garder cet article ? Ma réponse est non. Cet article doit
purement et simplement être supprimé. D’aucuns peuvent soutenir qu’un tel
dispositif existe dans les pays occidentaux majeurs tels que la France, les
Etats-Unis, l’Allemagne etc. Ma réponse demeure la même, les pays ne se valent
pas ! En plus, la quasi absence de vertu politique au Mali annihile toute
gestion vertueuse des financements reçus au sein des formations politiques.
Enfin, la suppression du financement public des « activités des partis
politiques » contribuera sûrement à réguler de manière sous-jacente
l’épineuse problématique du nombre des partis politiques au Mali. En stoppant
de manière définitive et irréversible ce financement, les partis politiques
« zombies » seront frappés au portefeuille, ce qui sonnera le glas de
leur existence.
Si limiter le nombre de partis
politiques est une pratique liberticide ; par contre, arrêter le
financement des partis politiques dans un pays comme le Mali ne peut être
considéré comme une pratique contribuant significativement à rendre
l’environnement socio-politique malien beaucoup plus ataraxique.
Madou CISSE
FSEG
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