Série : Economie en question (N°11)

Marché mondial de l’or : la quantité demandée a -t-elle augmenté ? ou c’est la demande qui a augmenté ?

Quand les économistes analysent les phénomènes économiques relatifs aux marchés, ils utilisent très souvent les expressions suivantes : « augmentation ou diminution de la demande » ; « augmentation ou diminution de la quantité demandée » ; « augmentation ou diminution de l’offre » et « augmentation ou diminution de la quantité offerte ».

Variation du prix une force motrice mais pas la seule

Si les économistes sont attentifs en s’exprimant, ils savent que ces expressions décrivent des réalités économiques distinctes. Ils vont toujours dire « augmentation ou diminution de la quantité demandée » respectivement « augmentation ou diminution de la quantité offre » pour décrire les conséquences d’une variation (augmentation ou diminution) du prix d’un bien ou d’un service sur les marchés réels. Tandis qu’ils vont dire « augmentation ou diminution de la demande » respectivement « augmentation ou diminution de l’offre » pour dépeindre l’impact de la variation de tout autre déterminant de la demande ou de l’offre d’un bien ou d’un service sur les marchés réels. Les conséquences ultimes de ce dernier type de déplacement peuvent conduire soit à un renchérissement du prix du marché soit à une diminution du prix du bien ou du service concerné.

De manière métaphorique, la variation du prix d’un bien ou d’un service peut être considérée comme un déplacement le long de la courbe de demande ou de celle de l’offre. Alors que le changement dans les autres déterminants (excepté le prix) se traduit par un déplacement parallèle soit de la courbe de demande soit de celle de l’offre pour tout niveau de prix donné.

Un déplacement sur le marché mondial de l’or

Actuellement le prix mondial du métal jaune est en train de battre tous les précédents records déjà établis. Le prix de l’once (soit 31,104 grammes) tutoie les 2.500 dollars US (soit 1.250.000 F CFA). Pourquoi une telle hausse ?

La hausse actuelle du prix mondial de l’or est principalement entretenue par une augmentation de la demande de ce métal occasionnée par les banques centrales du sud global (spécifiquement celles de la Russie, de la Chine et de l’Inde) qui sont en train de dédollariser leurs actifs au profit de l’or.

Un économiste qui interprète cette hausse inédite du prix mondial de l’once d’or présume d’abord qu’une telle hausse se fait à offre constante. Donc, la hausse du prix mondial est à chercher du côté de la demande. La préférence des banquiers centraux pour une « dédollarisation » de leurs actifs va être traduite par l’économiste comme un déplacement parallèle de « la courbe » de demande de l’or. Ensuite, l’économiste soutiendra qu’avec le même niveau d’or offert et le même prix de vente, toute hausse de la demande se traduira par une augmentation du prix du bien ou du service. C’est exactement ce qui s’est produit sur le marché mondial de l’or. Dans une telle situation, il dira tout simplement qu’une augmentation de la demande (et non une augmentation de la quantité demandée) due à un changement dans la préférence des banquiers centraux du Sud Global vis-à-vis du dollar a conduit à une hausse du prix du métal jaune.

En étant attentif, aucun économiste de métier ne dira que la hausse actuelle du prix mondial de l’once d’or est le résultat d’une augmentation de la quantité demandée d’or (c’est-à-dire un déplacement le long de la courbe de demande), mais plutôt un déplacement parallèle de la courbe de demande du métal jaune.

Madou CISSE

FSEG

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