Contribution de M. Abdoulaye CAMARA, enseignant à la FSEG, U-Bazo, ESGIC
La monnaie (1ère partie): les formes de monnaie
Contrairement aux lois et
aux règlements, la monnaie n’a pas été instituée par aucun comité ou groupe de
personnes de manière volontaire. Elle est le fruit d’une imitation. En d’autres
termes, la monnaie est le résultat d’un ordre spontané (Kosmos) pour reprendre
une expression popularisée par Friedrich August von Hayek (1899-1992)
économiste et philosophe.
Lorsque l’on évoque la
monnaie en économie, on pense immédiatement aux pièces et aux billets dont on
se sert dans la vie de tous les jours. Toutefois, comme nous le verrons, la
monnaie est bien plus complexe. Mais avant d’entrer dans les détails des
descriptions de la monnaie, il convient, ne serait-ce que pour savoir de quoi
l’on parle, de répondre à la question suivante : qu’est-ce que la
monnaie ?
La réponse à la
précédente question ne peut être immédiate et précise car il existe plusieurs
façons d’appréhender la monnaie. La diversité des visions permet de rendre
compte de l’aspect multidimensionnel de l’instrument monétaire. Aussi, nous
proposons de cerner, tant bien que mal, dans une série de publications dont la
première est celle-ci la nature de la monnaie en développant trois approches : les
formes de monnaie, les fonctions d’une monnaie et enfin la dimension conceptuelle
de la monnaie.
Dans la présente
contribution, nous faisons un focus sur les principales formes de monnaie à
travers l’évolution histoire.
Des
paléomonnaies à la monnaie virtuelle (le bitcoin)
Traditionnellement, la
naissance de la monnaie, dans sa forme métallique, est attribuée à la Lydie
(Anatolie) au début du VIIè siècle avant Jésus Christ. C’est à cette
date que l’on voit apparaitre des pièces d’electrum
(mélange or et argent). Mais des formes métalliques de monnaie ont bien existé
antérieurement, ce fut le cas de la Chine dont la découverte semble remonter à
plus de 1000 ans avant Jésus Christ.
Dans le code d’Hammurabi,
on en trouve aussi des traces à plus de 1700 ans avant Jésus Christ. On ne peut
donc dater la naissance de la monnaie et considérer, comme pour d’autres
inventions, que sa diffusion ait répondu continu et progressif.
Par ailleurs, la monnaie
initialement utilisée n’est pas un objet particulier spécifiquement créé pour
sa fonction monétaire mais plutôt un objet, notamment une marchandise déjà
connue, auquel on va attribuer plus ou moins le rôle de la monnaie. Il s’agit
d’un objet accepté par tout le monde comme contrepartie dans les échanges. Si
les métaux précieux (or, argent) sont souvent utilisés comme monnaie (c’est le
cas de la Grèce antique et chez les Romains) bien d’autres objets (coquillage,
barre de sel, épi d’orge, tête de betail…) ont joué ce rôle. On remarquera
qu’il s’agissait toujours d’une marchandise, elle-même objet d’échange, d’où le
nom de monnaie marchandise.
La forme métallique est
la plus fréquente parce qu’elle présente simultanément les caractéristiques suivantes :
elle est inaltérable ; facilement divisible ; enfin les métaux précieux
sont rares et recherchés.
La monnaie métallique, la
forme idéale de la monnaie marchandise, elle a connu plusieurs techniques
d’utilisation.
-
la
monnaie pesée : le règlement des transactions
s’effectue en pesant des lingots d’or et/ou argent. Dans l’empire romain, ce rôle
de porteur de balance était tenu par le libripens
qui pesait la quantité d’or convenue par les co-contractants. En Chine, en
Egypte ancienne, comme dans l’antiquité, existaient des peseurs chargés de
garantir le poids de métal correspondant à la valeur de la transaction.
-
la
monnaie comptée : les lingots étaient coupés en
morceaux de poids prédéfinis, fourré des métaux non précieux en boules et disques
aplaties plus commodes et plus sûrs.
-
la monnaie frappée :
des autorités, religieuses ou politiques, vont attester, par le seau ou le
signe qu’elles frapperont sur les pièces, la valeur de celle-ci (titre, poids).
Un tournant majeur :
les monnaies fiduciaire, scripturale et électronique
En dépit du rôle
considérable de la monnaie métallique, d’autres formes de monnaie cœxistaient
et étaient utilisées comme moyen de paiement : la monnaie fiduciaire (les
billets) et la monnaie scripturale (les comptes courant).
-
Monnaie
fiduciaire (en latin fudicia signifie confiance) composée des
billets de banque et des pièces de monnaie appelées monnaie divisionnaire. La monnaie fiduciaire est donc celle dont
la valeur repose sur la confiance qu’ont les individus dans les
institutions qui émettent.
-
La
monnaie scripturale: Son nom vient du latin « scriptura » qui
signifie écriture. Elle est créée par un simple jeu d’écritures dans les
comptes de dépôts à vue. La monnaie scripturale s’exprime donc sous la forme
d’un jeu d’écritures (crédit ou débit d’un compte bancaire courant) entre deux
individus ayant un compte bancaire au sein d’une même banque ou entre deux
individus détenant des comptes bancaires dans deux banques distinctes.
-
Monnaie électronique ou monétique:
La monnaie électronique peut être définie comme l’ensemble des techniques
informatiques, magnétiques, électroniques et télématiques permettant l’échange
de fonds sans support de papier. Il s’agit d’une nouvelle façon de gérer la
monnaie scripturale. Actuellement, avec le développement de la programmation
informatique, les différentes banques centrales commencent à lancer des
monnaies numériques de banque centrale (MNBC). L’objectif visé par une telle
initiative de la part des banques centrales est de ne pas perdre de terrain
face aux nouvelles monnaies numériques qui essaiment la toile mondiale. Dont la
principale est le bitcoin.
M. Abdoulaye CAMARA
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