Contribution de M. Abdoulaye CAMARA, enseignant à la FSEG, U-Bazo, ESGIC.
La
monnaie (2ème partie) : ses fonctions
Pour définir la monnaie,
les économistes s’appuient plus souvent sur une définition fonctionnelle,
c’est-à-dire les différentes fonctions qu’elle remplit. L’essence de la
monnaie, dans la tradition aristotélicienne, est appréhendée par les trois
fonctions
La monnaie comme une
unité de compte : est celui de la monnaie comme
instrument de mesure de la valeur relative de biens hétérogènes. Prenons
l’exemple d’une économie composée de trois biens : tomates, pain et
ordinateurs. Dans une telle économie, les prix relatifs correspondent au prix
des tomates en termes de pain ; au prix des tomates en termes d’ordinateurs ;
au prix du pain en termes d’ordinateurs. Il y a donc trois prix relatifs. Si
nous avions étudié une économie avec quatre biens, nous aurions obtenu six prix
relatifs, etc. Le nombre de prix relatifs se calcule selon la formule : n
(n-1) / 2 (où n est le nombre de produits échangeables).
On voit donc que plus il
y a de biens dans l’économie, plus il y a de prix relatifs. D’où l’utilité
d’obtenir un dénominateur commun qu’est la monnaie. La monnaie permet en effet
d’exprimer les prix des biens avec une seule et même unité (par exemple en
euro, en dollar, etc.).
La monnaie comme un
Intermédiaire des échanges : La monnaie permet
de pallier aux inconvénients du troc en intervenant comme moyen de règlement
accepté par tous. Elle permet non seulement d’acquérir n’importe quel bien ou
service, mais également de régler n’importe quelle dette. On dit que la monnaie
a un pouvoir libératoire.
1.
Les inconvénients du troc
Est qualifié de troc,
lorsque les transactions se font en nature, les biens s’échangeant contre les
biens. Le système de troc le plus primitif est celui où les agents désireux de
procéder à un échange n’ont ni lieu précis, ni date connue d’avance, ni partenaire
privilégié pour effectuer leurs transactions. Par ses inconvénients, un tel
système peut servir de référence pour comprendre l’apparition d’autres
d’organisation des échanges. Ces inconvénients comportent des coûts liés aux
échanges.
Les
couts du troc : deux types de couts liés aux
échanges peuvent être distingués :
-
Les couts de transaction
correspondent aux couts engendrés directement par le déplacement de l’individu
qui souhaite réaliser un échange ainsi que les couts liés au temps et aux
efforts requis pour réaliser la double coïncidence entre les désirs d’échange.
-
Le cout d’information :
pour que la transaction puisse avoir lieu, il faut une double coïncidence de
volonté, c’est-à-dire l’agent désireux d’échangé par exemple du bien A contre
du bien B, devra tout d’abord trouver un autre agent qui accepte, lui,
d’échanger du bien B contre du bien A.
2.
La réduction des inconvénients du
troc :
Le système de troc
« primitif », s’il a existé dans des sociétés closes ou les agents et
les biens sont en nombre limité. Dans des économies plus complexes, la
réduction des inconvénients du troc devient essentielle pour atteindre
l’équilibre des échanges. Cette réduction a été assurée par des innovations
dans les techniques d’échange dont les deux principales sont :
-
La place d’échange
: pour faciliter la rencontre est de créer une place d’échange en un lieu
déterminé, ouverte à certaines dates précises, et sur laquelle les agents
peuvent se retrouver pour échanger leurs. Ce marché au sens courant du terme,
comme les souks des pays arabes ou les foires u Moyen Age, réduit les couts
d’information du troc, sans les supprimer totalement.
-
La maison de compensation :
la création d’une maison de compensation, d’un organisme de
« clearing », permet de desserrer les contraintes du troc. Elle
introduit une sorte d’écran entre les agents désireux de modifier leur dotation
initiale de biens. Ces agents n’échangent plus directement entre eux, mais
passent par l’intermédiaire que constitue la maison de compensation. Chacun y
dispose ses biens à échanger, et peut obtenir pour une valeur équivalente des
biens disposés par les autres.
La
monnaie comme une réserve de valeur : après les fonctions
d’évaluation et de transaction, la troisième fonction généralement attribuée à
la monnaie est une conservation des valeurs. Enoncer que la monnaie remplit la
fonction de réserve de valeur correspond en fait à deux acceptions différentes :
-
Reserve
de valeur au sens fort : la monnaie est une réserve de
valeur lorsqu’elle est conservée, concurremment aux autres biens capitaux pour
constituer le portefeuille ou le patrimoine des agents.
-
Reserve
de valeur au sens faible : lorsqu’elle est détenue
temporairement, non comme élément constitutif d’un patrimoine, mais en tant que
« moyen d’échange futur ».
Au sens faible comme au
sens fort, l’aspect réserve de valeur de l’intermédiaire général des échanges
supposent que la monnaie soit détenue par les agents et que soient donc
constituées des encaisses monétaires.
M. Abdoulaye CAMARA
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire