Série : Economie en question (N°3)
Productivité,
l’alpha et l’oméga du niveau de vie ?
Paul Krugman dans son livre Microéconomie 1ère édition (2009)
disait en substance que le niveau de vie de chaque pays dépend de sa
productivité. Cette assertion suppose donc que si un pays veut améliorer le
niveau de vie de ses citoyens, il doit obligatoirement booster le niveau de
productivité de son économie. Dans la mesure où en économie, il y a deux
principales notions de productivité liées aux facteurs de production (travail,
capital) ; à quelle productivité cet éminent Professeur faisait-il
référence ?
Un coup d’œil sur la fonction de
production néoclassique des biens et services permet de comprendre que les
économistes infèrent de cette fonction de production les deux principales formes
de productivité. Cette fonction relie de manière positive mais décroissante la
quantité produite de biens et services (Produit Intérieur Brut (PIB) réel) dans
une économie aux facteurs de production utilisés à leur production. Et ces deux
productivités sont : la productivité marginale et la productivité moyenne
des facteurs.
Si la productivité marginale mesure
l’impact sur la production réelle de l’augmentation d’une unité supplémentaire
d’un facteur de production ; la productivité moyenne quant à elle mesure
l’apport unitaire de ce facteur dans la richesse réelle produite dans le pays
en question. Si la première est le résultat du rapport entre la variation de la
production réelle et celle du facteur retenu, la seconde est mesurée par le
rapport entre la production réelle et la quantité du facteur choisi. La
première contribue à déterminer le niveau optimal de la production réelle qu’une
économie peut atteindre sur la base d’un niveau de dotation initiale de
facteurs disponibles. La deuxième mesure l’apport de chaque unité du facteur
considéré dans la production réelle. Et c’est cette mesure qui est retenue par tous
les économistes dont le Professeur Krugman.
Ceci étant, plus ce rapport est
élevé, plus le niveau de vie du pays est élevé. La preuve de cette causalité
proportionnelle entre niveau de vie et productivité est mise en évidence à
travers les données de productivité de 2023 publiées par la Banque Mondiale. A
cette date, pendant que la productivité moyenne horaire du travail au Mali
faisait 167 F CFA (soit 0,28 USD) celle de la Côte d’Ivoire culminait à 478 F
CFA (soit 0,75 USD). Et très loin des niveaux maliens et ivoiriens des
productivités horaires du travail, les Etats-Unis et la France affichaient à la
même date des niveaux de productivité stratosphériques de 10.964 F CFA (soit 17,26
USD) et 6.859 F CFA (soit 10,80 USD) respectivement.
Face à un tel constat, une légitime
question demeure : que faut-il faire alors pour améliorer la productivité
horaire du travail ?
Répondre à cette question revient à
répondre à celle-ci : que faut-il faire pour augmenter le numérateur du
rapport en question pour un même niveau d’heure travaillée ? (N’oublions
pas que la productivité moyenne horaire s’obtient en divisant la production réelle
ou PIB réel par le volume horaire travaillé).
Tout pays après avoir instauré les
conditions d’une gestion vertueuse des affaires publiques peut améliorer sa
productivité (1) en augmentant son niveau de capital physique disponible. Et
pour ce faire, il doit hausser son niveau d’épargne ; (2) rehausser la
qualité de ses formations initiale (écoles et universités) et continue et la
santé ; (3) rendre incitatif son cadre d’innovation ; (4) si possible
réallouer ses facteurs de production et enfin, (5) augmenter sa population
active.
Une augmentation de la productivité
moyenne horaire induite par celle de l’augmentation de la production nationale
réelle va normalement se traduire par une amélioration globale des conditions
de vie des citoyens, même si cette amélioration peut ne pas garantir un partage
équitable des fruits issus de cette hausse de productivité. Ce qui est un autre
débat !
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