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Série : Economie en question (N°23)
Elasticité revenu de la demande et les produits « France
au revoir », l’explication
Les économistes constatent que quand les ménages
deviennent riches, ils abandonnent la consommation de certains biens ou
services et en consomment de nouveaux. Une agrégation d’un tel comportement est
aussi notable au niveau de chaque pays. Plus un pays devient riche, plus sa
demande de certains biens ou services diminue ; tandis que celle d’autres
augmente. C’est exactement ce phénomène qui explique l’histoire d’amour qui lie
le Mali aux biens (spécifiquement les voitures) « France au revoir ».
L’outil qu’utilisent les économistes est l’élasticité
revenu de la demande pour mesurer le lien entre la demande des biens et
services et les revenus des ménages. Cet outil, par définition mesure la
sensibilité de la demande d’un bien ou d’un service en pourcentage consécutive
à une variation de 1% du revenu des ménages toutes choses demeurant égales par
ailleurs.
Si la valeur prise par cette mesure est négative, les
économistes soutiennent que le bien ou le service ainsi testé est un bien ou
service inférieur. Pour de tels biens ou services, toute augmentation des
revenus des consommateurs entraîne une baisse de leur demande. Des exemples de
biens inférieurs par excellence de par le monde sont les biens d’occasion
(voitures, meubles, électroménagers etc.). Au fur et à mesure que le revenu d’un
consommateur augmente, sa demande de ces types de biens ou services diminue
aussi.
Quand la mesure de l’élasticité revenu de la demande est positive,
le bien ou service impliqué dans le test est dit bien ou service supérieur
ou normal. Pour ces types de biens ou services, toute augmentation du
revenu des consommateurs induit une hausse de la demande de ces types de biens
ou services. Spécifiquement pour ces types de biens et services, si la valeur
est plus petite que l’unité (1), alors le bien ou le service est dit normal
de première nécessité. Ce qui suppose que le revenu et la demande évoluent
dans le même sens mais que la variation du revenu en termes de proportion est
plus importante que celle de la demande. Des biens de ce type au Mali sont par
exemple le riz, le mil etc. par contre, si la valeur de l’élasticité revenu est
plus grande que l’unité (1) pour un bien ou service, ce dernier est qualifié normal
de luxe. Ce qui suppose que la variation de la demande en termes de
proportion est plus grande que celle du revenu. La demande d’éducation, de
loisir etc. sont des exemples de services normaux de luxe dans tous les pays.
En définitive, si le test d’élasticité revenu conduit à l’unité
(1), le bien ou le service est dit normal neutre. Ce qui signifie que la
variation de la demande et celle du revenu évoluent dans le même sens et dans
les mêmes proportions. Un excellent exemple de service normal neutre est le
logement. Cela signifie que, quand le revenu augmente de 1% la demande de
logement aussi s’apprécie de 1% toutes choses égales par ailleurs.
Retenons quand même que la sensibilité de la demande d’un
bien ou d’un service par rapport à la variation du revenu n’est pas liée aux
caractéristiques intrinsèques du bien ou du service en question, mais elle dépend
largement des habitudes de consommation des ménages de chaque zone
géographique. Que pensez-vous de l’impact de l’augmentation dans les mêmes
proportions du revenu des ménages maliens et français sur la demande de poulet
au Mali et en France ?
Madou CISSE
FSEG
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