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Série : Economie en question (N°24)

L’élasticité-prix croisée de la demande un outil très puissant

Que se passera-t-il en termes de demande de moto Jakarta si le litre de l’essence est vendu par les stations de services à 1.500 F CFA ? Euh bien ! tout porte à croire que la demande de moto Jakarta risque de se contracter au Mali. Et cette contraction se fera dans quelle proportion ?

Les économistes pour pouvoir mesurer le pourcentage de contraction de la demande de moto Jakarta consécutive à une augmentation du prix de l’essence utilise l’outil de l’élasticité prix croisée de la demande.

Cette élasticité mesure la sensibilité de la demande d’un premier bien ou service à la variation de 1% du prix d’un autre bien ou service toutes choses égales par ailleurs. En d’autres termes, l’élasticité prix croisée répond à la question de savoir : de combien la demande d’un bien ou d’un service nommé X variera en pourcentage si le prix d’un autre bien ou service Y varie de 1% toutes les choses étant égales par ailleurs dans l’économie.

Si l’élasticité prix croisée est nulle, alors les deux biens ou services concernés par le test sont indépendants. Cela signifie qu’une variation du prix de l’un n’a aucune influence sur la demande de l’autre. Songez par exemple à la demande de stylos à bille et le prix des voitures 4X4. Est-ce que la demande de stylos à bille baissera parce que le prix unitaire des voitures 4X4 a augmenté ? et vice versa.

Si l’élasticité prix croisée conduit à une valeur négative, dans une telle éventualité, les deux biens ou services testés sont dits complémentaires. Pour de tels biens ou services, toute augmentation (respectivement diminution) de prix du premier bien ou service induira une baisse (respectivement augmentation) de la demande du second bien ou service et vice versa. C’est le cas, de la demande de moto Jakarta et de la variation du prix de litre de l’essence au Mali.

Si l’élasticité prix croisée est positive, cela signifie certainement que les deux biens ou services testés sont des substituts. Avec ces types de biens ou services, toute augmentation (respectivement diminution) du prix de l’un entrainera une augmentation (respectivement une diminution) de la demande de l’autre bien ou service toutes les choses étant égales par ailleurs dans l’économie. Cela pourrait être le cas de la demande de poisson séché et le prix de la viande de bœuf au Mali. Il serait logique de penser qu’au Mali, toute augmentation du prix du kilogramme de la viande de bœuf se traduirait par une baisse de la quantité demandée de cette viande au profit d’une hausse de la demande de poisson séché toutes choses demeurant égales par ailleurs dans l’économie.

L’outil de l’élasticité prix croisée devient incontournable pour déterminer étant données les habitudes de consommation d’une communauté si les biens ou services consommés sont complémentaires, substituables ou indépendants. Cet outil permet aussi de préciser si les demandes des biens ou services consommés sont élastiques, inélastiques ou neutres suivant que sa valeur absolue soit plus grande que l’unité, soit plus petite que l’unité soit égale à l’unité.

Madou CISSE

FSEG

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Série : Economie en question (N°23)

Elasticité revenu de la demande et les produits « France au revoir », l’explication

Les économistes constatent que quand les ménages deviennent riches, ils abandonnent la consommation de certains biens ou services et en consomment de nouveaux. Une agrégation d’un tel comportement est aussi notable au niveau de chaque pays. Plus un pays devient riche, plus sa demande de certains biens ou services diminue ; tandis que celle d’autres augmente. C’est exactement ce phénomène qui explique l’histoire d’amour qui lie le Mali aux biens (spécifiquement les voitures) « France au revoir ».

L’outil qu’utilisent les économistes est l’élasticité revenu de la demande pour mesurer le lien entre la demande des biens et services et les revenus des ménages. Cet outil, par définition mesure la sensibilité de la demande d’un bien ou d’un service en pourcentage consécutive à une variation de 1% du revenu des ménages toutes choses demeurant égales par ailleurs.

Si la valeur prise par cette mesure est négative, les économistes soutiennent que le bien ou le service ainsi testé est un bien ou service inférieur. Pour de tels biens ou services, toute augmentation des revenus des consommateurs entraîne une baisse de leur demande. Des exemples de biens inférieurs par excellence de par le monde sont les biens d’occasion (voitures, meubles, électroménagers etc.). Au fur et à mesure que le revenu d’un consommateur augmente, sa demande de ces types de biens ou services diminue aussi.

Quand la mesure de l’élasticité revenu de la demande est positive, le bien ou service impliqué dans le test est dit bien ou service supérieur ou normal. Pour ces types de biens ou services, toute augmentation du revenu des consommateurs induit une hausse de la demande de ces types de biens ou services. Spécifiquement pour ces types de biens et services, si la valeur est plus petite que l’unité (1), alors le bien ou le service est dit normal de première nécessité. Ce qui suppose que le revenu et la demande évoluent dans le même sens mais que la variation du revenu en termes de proportion est plus importante que celle de la demande. Des biens de ce type au Mali sont par exemple le riz, le mil etc. par contre, si la valeur de l’élasticité revenu est plus grande que l’unité (1) pour un bien ou service, ce dernier est qualifié normal de luxe. Ce qui suppose que la variation de la demande en termes de proportion est plus grande que celle du revenu. La demande d’éducation, de loisir etc. sont des exemples de services normaux de luxe dans tous les pays.

En définitive, si le test d’élasticité revenu conduit à l’unité (1), le bien ou le service est dit normal neutre. Ce qui signifie que la variation de la demande et celle du revenu évoluent dans le même sens et dans les mêmes proportions. Un excellent exemple de service normal neutre est le logement. Cela signifie que, quand le revenu augmente de 1% la demande de logement aussi s’apprécie de 1% toutes choses égales par ailleurs.

Retenons quand même que la sensibilité de la demande d’un bien ou d’un service par rapport à la variation du revenu n’est pas liée aux caractéristiques intrinsèques du bien ou du service en question, mais elle dépend largement des habitudes de consommation des ménages de chaque zone géographique. Que pensez-vous de l’impact de l’augmentation dans les mêmes proportions du revenu des ménages maliens et français sur la demande de poulet au Mali et en France ?

Madou CISSE

FSEG


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Quand le Mali devient une victime collatérale des taxes de l’administration américaine

« Quand deux éléphants se battent l’herbe en souffre. » Ce dicton présente dans toute sa splendeur les impacts négatifs de la bataille commerciale opposant les Etats-Unis à la Chine et les autres pays occidentaux principalement. Cette lutte enclenchée depuis le premier mandat de l’actuel occupant de la maison blanche entre dans sa deuxième « saison » avec une virulence jamais égalée auparavant. Dans cette deuxième « saison » de ce bras de fer commercial, au lieu de faire le sniper, les autorités américaines ont fait sortir le bazooka en tirant sur tout ce qui bouge !

Dans cette deuxième « saison » les autorités américaines ont fait fort ! (1) une taxe plancher de 10% sur tous les produits importés aux Etats-Unis. (2) des taxes majorées fixées en fonction de la tête des clients (au nombre de 175 pays dont 48 pays africains). Les clients les moins taxés sont ceux qui sont frappés à hauteur de 10% comme le Mali et le Niger. Le taux plafond pour ces taxes majorées est de 50% auquel doivent être soumises les importations provenant du territoire Saint-Pierre-et-Miquelon augmentées des 10% la taxe plancher (soit 60% en tout). Quant à la Chine ses importations en direction des Etats-Unis sont majorées de 34% en plus des 20% déjà imposés lors du premier passage de l’actuel président américain dans le bureau ovale. Soit 54%, ce qui fait de la Chine le deuxième partenaire commercial des USA le plus imposé.

Face à une telle salve de tarifs douaniers des Etats-Unis, la question suivante mérite d’être légitiment posée. Quelles sont les raisons sous-jacentes justifiant un tel degré d’agression des fondements du commerce mondial de la part d’un pays qui représente près de 15% des importations mondiales de produits ?

Comme réponse à la question posée ci-dessus, c’est l’atteinte de l’équilibre de la balance commerciale des Etats-Unis qui est brandie par les autorités américaines. Si tel est le but ultime de ces mesures, alors pourquoi ne pas cibler exclusivement les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis qui présentent des balances commerciales bilatérales excédentaires ? Heureusement que ces pays sont même connus. Le top trois de ces pays en 2024 est pour un déficit commercial américain estimé à près de 1.000 de dollars américains : la Chine (+263 milliards de dollars) ; le Mexique (+179 milliards de dollars) ; le Canada (+102 milliards de dollars) à ce podium, les 27 pays de l’Union Européenne peuvent avoir un strapontin avec la réalisation d’un excédent commercial de 161,2 milliards de dollars vis-à-vis des Etats-Unis.

Un pays comme le Mali présente une balance commerciale bilatérale avec les Etats-Unis abyssalement déficitaire. En 2024, ce déficit a été estimé par l’INSTAT Mali à un peu plus de 97 milliards de francs CFA. Si c’est seulement l’équilibre de la balance commerciale qui est l’objectif visé par ces mesures, le Mali et beaucoup d’autres pays africains ne devraient pas être ciblés par les différentes taxes qui font au moins 20% pour tous les 48 pays africains concernés. Mais malheureusement, ils sont tous imposés ! Donc, l’objectif de l’équilibre de la balance commerciale ne me convainc pas. Je pense que la majorité des pays 48 africains ciblés par les taxes majorées et la taxe plancher de 10% sont des victimes collatérales de la guerre commerciale opposant les Etats-Unis et la Chine.

Au-delà des visées d’équilibre commercial, l’actuelle administration américaine vise à torpiller les efforts de développement économique des autorités chinoises. Conscientes de l’importance de la demande américaine dans le PIB chinois, une baisse de celle-ci produira logiquement des effets récessifs importants. Ceci est autant plus logique que l’économie chinoise dont la croissance est principalement tirée par les exportations des produits ne pourra atteindre ces objectifs quand ses produits sont ainsi taxés.

Je pense encore que les autorités américaines, dans le but de rendre aussi inefficace l’installation des entreprises chinoises dans d’autres pays pouvant leur servir de base arrière pour atteindre le marché américain et ainsi échappées aux 54% de taxes imposés n’ont pas hésité d’imposer une taxe plancher de 10% pour tous les pays, accompagnée d’une majoration de taxes de plus en plus élevée en fonction du degré de relations commerciales pouvant exister entre ces pays ciblés et la Chine. Je pense que le Mali fait partie des victimes collatérales par ce truchement. Car en 2024, le premier partenaire non africain du Mali était la Chine avec des importants estimées par l’INSTAT Mali à un plus de 600 milliards de francs CFA.

Non, l’actuelle administration américaine n’est pas anti-mondialisation. Elle connait parfaitement que le libre échange est plus efficace que toutes les autres formes connues d’organisation des activités commerciales ; en plus elle sait pertinemment que ce mode de fonctionnement fait toujours des gagnants et des perdants. Et en connaissance de cause, elle a estimé que les Etats-Unis ont été perdants depuis la libéralisation de l’économie mondiale à partir des années 80 et surtout vis-à-vis de la Chine. Dans le but de faire pencher la balance de leur côté et conformément à l’idéologie MAGA (Make America Great Again) ; l’administration américaine n’a pas dédaigné de secouer le cocotier tout en prenant soin de ne jamais l’arracher afin de pousser tous ses principaux partenaires à des négociations bilatérales. Même si pour le moment, la principale cible à savoir la Chine semble ne pas prête à s’assoir à la table de négociation. Bien au contraire, elle se rebiffe !


Madou CISSE
FSEG

 

Contribution de M. Abdoulaye CAMARA, enseignant à la FSEG, U-Bazo, ESGIC.

La liaison entre monnaie centrale et pouvoir de création monétaire de la part des banques

« Cette relation entre monnaie centrale et pouvoir de création monétaire, par octroi de crédit de la part des banques » a fait l’objet de deux approches théoriques différentes dans les années 70. Il s’agit du multiplicateur de crédit, un concept développé par les monétaristes, pour souligner le rôle premier de la banque centrale, et la notion de diviseur de crédit proposée par les keynésiens, pour insister sur le caractère endogène de la masse monétaire créée par les banques.

Le multiplicateur de crédit

Le multiplicateur de crédit est un concept qui permet de comprendre comment les banques commerciales peuvent augmenter l’offre de crédit dans une économie en accordant des crédits à partir des dépôts de leurs clients. Ce concept repose sur le système de réserve fractionnaire. De quoi s’agit-il ? Ce système de réserve fractionnaire est un mécanisme par lequel les banques commerciales sont tenues de conserver en réserve une partie des dépôts de leurs clients, le reste pouvant être utilisé pour accorder des prêts. Cela signifie que lorsqu’ un client fait un dépôt à sa banque, la banque ne va pas conserver la totalité de ce dépôt dans sa caisse ; mais elle va en prêter une partie à d’autres clients. La proportion minimale des dépôts que les banques doivent conserver (sous forme de liquidités ou de dépôts auprès de la banque centrale) se nomme les réserves obligatoires. Ce taux est fixé par la banque centrale et a pour objectif de garantir la stabilité du système bancaire en veillant à ce que les banques aient toujours suffisamment de liquidité pour répondre aux demandes de retrait de leurs clients.

Par exemple, supposons qu’un individu demande et obtienne un crédit de 10 000 UM auprès de sa banque, noté banque A. Ces 10 000 UM de crédit se transforment en 10 000 UM de dépôt. Supposons que le taux de réserves obligatoires – appelé également coefficient de réserve – soit de 10 %. La banque A doit alors alimenter son compte auprès de la banque centrale, c’est à dire constituer des réserves obligatoires, pour un montant de 1000 UM (soit 10 000 UM × 10 %). La banque dispose donc de 9000 UM (soit 10 000 UM − 1000 UM) de réserves excédentaires. Sachant que ces réserves excédentaires ne sont pas, pour l’instant, rémunérées, la banque A va donc les utiliser pour accorder des prêts.

Que se passe-t-il ensuite ?

Ces 9000 UM de crédit créent 9000 UM de dépôt dans une autre banque, noté banque B. Tout comme la banque A, la banque B doit, elle aussi, alimenter son compte auprès de la banque centrale, c’est à dire constituer des réserves obligatoires. La banque B maintient ainsi 900 UM (soit 9000 UM × 10 %) de réserves obligatoires et dispose de 8100 UM (soit 9000 UM – 900 UM) de réserves excédentaires. Ces réserves n’étant pas rémunérées, la banque B utilise ces 8100 UM pour octroyer de nouveaux prêts. Ces 8100 UM de crédit créent, à leur tour, 8100 UM de dépôt dans une banque C. Dès lors, la banque C doit, comme les banques A et B de notre système bancaire, constituer des réserves obligatoires pour un montant de 810 UM (soit 8100 UM × 10 %). La banque C dispose alors de 7290 UM (soit 8100 UM – 810 UM) de réserves excédentaires qu’elle utilise pour accorder des nouveaux prêts. Et ainsi de suite jusqu’à ce que le mécanisme des 10 % de réserves obligatoires fasse tendre les liquidités disponibles vers zéro. Le montant total de monnaie créée à partir des dépôts initiaux de 10 000 UM sera ainsi le résultat de tous ces crédits, réduits à chaque fois du montant des réserves obligatoires. Au total, dans cet exemple, il sera créé 100 000 UM de monnaie, soit dix fois le montant initial de dépôts. On dira que le « multiplicateur de crédit » est de 10. Ainsi donc plus le taux de réserves obligatoires est élevé et plus le pouvoir de création monétaire des banques est limité.

« Ce mécanisme du multiplicateur fait de la masse monétaire une quantité que la banque centrale peut contrôler puisqu’elle dépend en grande partie des réserves qu’elle impose aux banques et de la quantité de monnaie centrale qu’elle met à leur disposition. C’est pourquoi [certains] économistes disent que la monnaie est une quantité exogène parfaitement contrôlée par la banque centrale. »

Limite du multiplicateur du crédit :

Cette théorie du multiplicateur du crédit a été critiquée parce que plusieurs facteurs influencent son fonctionnement et font qu’il ne va pas être aussi efficace que ce que le prévoit la théorie. D’abord on peut citer la prudence des banques notamment en période de crise. Ces périodes de crise ou les banques ne sont pas très confiantes envers l’avenir, celles-ci vont alors pouvoir choisir de prêter moins que le maximum théorique qu’elles auraient le droit. C’est le cas, par exemple, si un client dépose 10 000 UM à la banque, celle-ci doit conserver 10% de réserve sur son compte à la banque mais rien ne l’empêche de conserver plus si elle le souhaite, et notamment en période de crise, les banques ont tendance à être frileuses à prêter de l’argent parce qu’elles ont des préoccupations concernant le risque du crédit (le risque de ne pas être remboursées) ou la stabilité financière globale et donc choisissent de faire des réserves au cas où pour être sures de ne pas être en difficulté par la suite. Ensuite, il y a également la demande de crédit. Il se peut aussi que les consommateurs ou les entreprises, notamment en période de récession ou de faible croissance, aient une faible demande de prêt et donc, si les banques ont de l’argent à prêter mais que les individus ne veulent pas emprunter, et bien la création monétaire ne sera pas aussi importante que ce que le prévoyait le multiplicateur. Enfin, les banques sont également soumises à des règlementations autres que les réserves obligatoires. Par exemple, suite à la crise de 2008, plusieurs réglementations ont été mises en place pour renforcer la stabilité financière, notamment les accords de Bale III qui imposent des exigences de capital plus strictes et des ratios de liquidité aux banques qui vont limiter leur capacité à prêter et donc à créer de la monnaie. Au point de vue théorique, certains auteurs vont également soutenir que la monnaies est endogène ce qui va conduire au concept du diviseur de crédit.

Le diviseur de crédit

Les diviseurs de crédits sont développés par des économistes postkeynésiens. Ceux-ci mettent en avant l’idée que l’offre de monnaie est endogène, c’est-à-dire la quantité de monnaie qui va être créée est influencée plus par les interactions entre agents économiques que par les actions extérieures ou exogène de la banque centrale. Par exemple, c’est parce que les ménages et les entreprises demandent des prêts que les banques commerciales vont créer de l’argent en accordant ces prêts. Ainsi, la base de la création monétaire ne va pas être le dépôt des clients mais la demande de crédit, et cette demande de crédit, une fois accordée, vont créer des dépôts. Le processus de création monétaire va alors dépendre des besoins de crédit dans l’économie. De façon générale le processus de création monétaire dans le cadre du diviseur de crédit va commencer par la demande de crédit des agents économiques, notamment des entreprises et des ménages. Les agents vont en fait solliciter des prêts pour pouvoir financer leurs activités, leurs investissements ou leurs dépenses de consommation. Les banques vont alors créer de la monnaie pour répondre à cette demande de crédit et les fonds prêtés par les banques vont alors être déposés sur les comptes bancaires des clients. Ainsi, les prêts bancaires vont créer des dépôts dans le système bancaire. Les dépôts bancaires sont en fait la conséquence de cette création de crédit et non l’inverse. Le modèle du diviseur de crédit est plus flexible et réactif aux conditions économiques que celui du multiplicateur de crédit, puisque les banques répondent directement aux besoins de financement des agents économiques, ce qui va permettre une adaptation rapide aux fluctuations de la demande de crédit. Par exemple, en période de croissance économique, la demande de crédit augmente rapidement, et il va y avoir une augmentation correspondante de la masse monétaire pour faire face à la demande.

Dans le modèle du diviseur de crédit les réserves obligatoires jouent un rôle secondaire puisque les banques doivent encore maintenir des réserves puisque celles-ci sont mises en place par la banque centrale, mais les réserves ne vont pas limiter directement à la capacité des banques à accorder des prêts. En fait, les réserves vont pouvoir être obtenues notamment sur le marché interbancaire ou en empruntant directement auprès de la banque centrale. Dans cette logique du diviseur de crédit, les banques vont en fait ajuster leurs réserves après avoir accordés des prêts pour pouvoir satisfaire aux exigences règlementaires. Cela signifie donc que le montant des réserves dans le système bancaire est influencé par le volume de prêts et non l’inverse puisque les banques centrales vont pouvoir fournir les réserves nécessaires pour pouvoir soutenir l’activité de prêt des banques commerciales.

En fait, dans cette vision, la banque centrale intervient surtout pour influencer la demande de crédit, notamment la banque centrale va pouvoir influencer la demande de crédit et donc la création monétaire en utilisant ses taux directeurs. En faisant cela la banque centrale ajuste ses taux pour influencer le coût du crédit. Ainsi, si les taux directeurs baissent, cela signifient que les banques se refinancent auprès de la banque centrale a taux, plus bas, elles vont donc prêter à des taux plus bas à leurs clients. Si les taux auxquels les clients empruntent diminuent la demande de prêts va augmenter. Inversement, si la banque centrale souhaite freiner la création monétaire elle augmente alors ses taux directeurs. Cela signifie que les banques commerciales se refinancent à la banque centrale à des taux plus élevés, donc vont prêter leur argent à leurs clients à des taux plus élevés. Si les taux augmentent, la demande de prêt va diminuer. En répondant aux besoins de crédit, les banques centrales peuvent alors jouer un rôle central pour lisser les fluctuations économiques, notamment donc en soutenant l’économie en période de récession ou de faible inflation.

M. Abdoulaye CAMARA

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