Contribution
de M. Abdoulaye CAMARA, enseignant à la FSEG, U-Bazo, ESGIC.
Processus de création
monétaire
Dans
cette 2ème partie l’objectif est de déterminer comment et par qui la
monnaie est créée puis d’étudier dans quelle mesure il existe des limites à
cette création monétaire.
Des
notions telles que : les crédits font les dépôts, la création monétaire
illimitée, les réserves obligatoires seront développés lorsqu’on va opposer le
multiplicateur de crédit (classiques) au diviseur de crédit (Keynésiens)
Mécanisme
de la création monétaire
La
création monétaire (injection de la monnaie dans l’économie) consiste à
accroitre la quantité de monnaie détenue par les agents non financiers (ANF). Ce pouvoir de création
est exclusivement réservé aux institutions financières monétaires (Banque Commerciale,
Banque Centrale et Trésor Public).- Création monétaire au niveau des banques
commerciales
Les
banques sont des établissements de crédit habilitées à recevoir les dépôts des
particuliers (ménages, entreprises) et ayant le pouvoir de créer de la monnaie.
Cette opération a lieu lors d’opérations de crédits de la banque vers ses
clients. C’est pourquoi les économistes classiques (néoclassiques) disent que
les crédits font les dépôts. La création de la monnaie par les banques
est un jeu d’écriture. Les banques créent de la monnaie scripturale en
créditant les comptes de ses clients.
Exemple : à
la date t2020, la Banque B2 accorde un crédit de 100 F à l’entreprise X :
c’est la phase de création monétaire. Les bilans de l’entreprise X
et de la banque B2 se présentent comme suit : Compte courant(CC)
-
A l’actif du bilan, où sont enregistrées les créances
de la banque, est inscrit le crédit accordé à l’entreprise X : + 100 ;
-
Au passif du bilan, où figure l’ensemble des dettes
de la banque, le compte bancaire de l’entreprise Alpha est crédité du montant
du crédit : + 100. L’inscription au passif de la banque correspond à une
dette de la banque B2 vis- à-vis de l’entreprise X. En effet, l’entreprise
X peut utiliser la monnaie dont elle dispose sur son compte pour effectuer les
transactions souhaitées.
En
théorie, et c’est le cas ici, le processus de création monétaire est illimité.
La banque peut créer autant de monnaie qu’elle le souhaite. Il suffit qu’elle
continue à accorder des crédits. Le processus de création
monétaire a également lieu quand la banque autorise un découvert (compte
bancaire débiteur), achète un actif réel (un immeuble par exemple) ou un actif
financier (une action, une obligation, etc.). Quelle que soit la nature de
l’actif
acquis par la banque, il y a création monétaire lorsque la banque crée de la
monnaie en monétisant des actifs qui ne
sont pas de la monnaie.
Cette
création monétaire a une contrepartie. Puisqu’elle a lieu lors d’une opération
de crédit, la contrepartie est une promesse de remboursement signée par
l’emprunteur. A la date t+1(2021),
l’entreprise X rembourse son crédit et son compte est débité de 100F: on parlera alors
de destruction monétaire. A t+1, les bilans de deux agents se
présentent ainsi:
Création monétaire au niveau de la Banque Centrale
La
banque centrale crée de la monnaie sous forme fudiciaire. L’ensemble de la
monnaie créée par la banque centrale est appelé monnaie de Banque centrale ou
monnaie centrale.
La
Banque centrale crée de la monnaie lors des opérations suivantes :
La demande de billets des agents non financiers
auprès des banques commerciales (lorsqu’un
agent non financier retire des billets au GAB (Guichet Automatique de Billets) de
sa banque, il oblige cette dernière à se procurer de la monnaie fiduciaire auprès de la Banque centrale, seule émettrice
de billets).
-
Lors de l’achat d’actifs réels, financiers ou de
devises.
-
Lors des opérations de refinancement des banques commerciales
auprès de la Banque centrale
La Banque Centrale crée de la monnaie scripturale qui est inscrite dans les
comptes des banques commerciales dans les livres de la Banque centrale. Cette
monnaie s’appelle
monnaie Banque centrale ou base monétaire (par opposition à la monnaie de
banque créée par les banques commerciales).
Si
le montant en Monnaie Banque Centrale détenu par une banque commerciale devient
insuffisant, cette banque doit immédiatement acheter de la monnaie Banque
Centrale en cédant par exemple des titres, soit à d’autres banques
commerciales, soit à la Banque Centrale : c’est l’opération de
refinancement.
Création monétaire au niveau du Trésor Public
Lorsque
le Trésor Public reçoit ordre d’effectuer un paiement, il a trois solutions. Il
peut payer par pièces (monnaie divisionnaire) dont il a le monopole d’émission.
Il peut aussi payer par crédit du compte du créancier, si ce dernier possède
soit un compte au trésor, soit un compte à une banque commerciale. La troisième
solution est que le trésor paye par débit de son compte auprès de la banque
centrale. En pratique, le créancier reçoit un chèque au nom du trésor sur la
banque centrale ou reçoit un virement de la banque centrale sur son compte (le
cas pour le paiement des salaires des fonctionnaires).
Le
Trésor Public peut également se refinancer auprès de la Banque centrale lorsque
l’Etat a besoin d’un financement (par exemple pour financer la croissance
économique).
Les
limites à la création monétaire
Si
le processus de création monétaire peut paraître, en théorie, illimité, ce
n’est cependant pas le cas. Les banques commerciales doivent, en effet, faire
face à des contraintes qui limitent et encadrent le pouvoir de création
monétaire.
Afin d’assurer une gestion saine et prudente de leurs bilans, la banque
centrale exige des banques de second rang qu’elles détiennent une part de leurs
dépôts sur un compte auprès d’elle. Ce dépôt constitue les réserves
obligatoires qui sont considérées comme une première limite au pouvoir de
création monétaire des banques de second rang. La seconde limite vient par le
comportement des ménages et entreprises qui demandent de crédits. Celles-ci sont
limitées pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le pouvoir d’achat des agents est une donnée connue et il n’est
pas illimité. Le besoin d’emprunts reste donc limité par l’évolution du pouvoir
d’achat des agents. Ensuite, les entreprises attendent que leurs équipements
soient amortis pour s’équiper à nouveau. Le niveau des taux d’intérêt est
considéré comme agissant significativement sur la demande de crédits. Des taux
d’intérêt élevés réduisent le volume de crédits accordés, car le montant
à rembourser devient trop élevé pour les emprunteurs. Autrement dit, pour
les agents économiques, les emprunts ont un prix, et lorsque ce prix augmente,
les agents renoncent à emprunter.
M.
Abdoulaye CAMARA